Enregistré aux studios Black Box et Berduquet, à travers les circuits électroniques d'antiques et rutilantes machines analogiques, ce nouvel album experimente de nouveaux alliages stylistiques, avec des compositions métissées et cosmopolites, en français principalement, mais aussi en anglais, arabe et russe. Véritable mix swing-musette boosté aux rythmes world, aux confins du Bal, du Soundsystem et du chill-out, les 14 titres déroulés ici invitent à l'ivresse, à la liesse collective, avec des valses pêchues, teintées de reggae ou de couleurs latines (L'ostrogoth, Accroche-Coeur), des swings pulsés pour enflammer le parquet (Busy line, Il arrive), des beats afro/ groove, pour bouger son boule (L'horloger, Les Cabochards, Marco, La constante) et quelques ovnis musicaux (Sputnik, Folies Berbères, Sacha). Deux reprises dans cet album : une version tangoïde de Concierge Gamberge (Brigitte Fontaine) et une revisite frenchy de Bam Bam (Sister Nancy). Elles célèbrent deux figures féminines indociles, l’une dans la tradition de la chanson réaliste et l’autre, véritable pionnière en tant que femme MC dans la musique jamaïcaine. Pour clore cet opus, en invité, Johann Guillon aka Zero Gravity, l'homme-machine d’Ez3kiel, cisèle un remix intersidéral du titre Sacha.
Ce disque, réalisé par des musiciens inspirés et curieux, dépoussière la chanson d'inspiration réaliste et la musique populaire française des années 30. Au fil des 14 titres, moitié compositions, moitié reprises, le Balluche de la Saugrenue nous emmène dans son petit bal perdu, au rythmes des valses, swing et tangos, loin de l'image galvaudé du musette, en y intégrant des éléments iconoclastes: reggae, dub, trip-hop, rock, dancefloor. A côté de chansons légères destinés aux gambettes, Nora de Belleville (Nedjma Benchaïb) nous narre les histoires du «milieu»: paumés, tocos, apaches et maquereaux, aux destinées souvent funestes, histoires qui résonnent encore aux oreilles d'aujourd'hui, tant l'actualité de cette période, crise, pauvreté et combines en tout genre, est transposable à notre époque. Adeptes de l’auto-dérision, oscillant sans cesse entre l'hommage et le détournement, c'est le mariage entre la chanson d'hier et la musique d'aujourd'hui que cet album célèbre, et l'on se prend au jeu de ces protagonistes, qui nous portent dans l'ivresse et le vortex atemporel d'un Paris populaire sublimé...
Cet album live, enregistré en Italie en Mai 2011 par Stefano Melone, produit par Shéhérazade, figure dans la collection « Creazioni » du label TacaDancer, label qui met en avant les créations autour des musiques de danses populaires. Rassemblant compositions et reprises réarrangés, le Balluche de la Saugrenue nous propose ici sa version du bal musette : oubliez les jupes à pois, les guinguettes au bord de marne, le son des flonflons et rendez-vous dans les bas fonds de la ville de Paris aux côté des apaches, des marlous, des paumés et des toxicos. Leurs histoires, cocasses ou glauques, sont chantés ici par Nina la Brume (Anne Ratsimba), avec une gouaille parisienne dans la trace de Fréhel, le swing en plus. Les affres de l'amour, conduisant tantôt au meurtre, tantôt à sombrer dans l'addiction, thèmes récurrents de la chanson réaliste, sont dépeint ici avec un décalage certain, mais non sans panache. Les adeptes de la boîte à frissons ne sont pas en reste avec une reprise du chef d’œuvre de Gus Viseur Douce Joie, qui fait écho à la mystérieuse Araignée de Flo la Bretelle (Florent Sepchat). On aura également l'occasion de se rappeler, à travers les différents titres, que le bal musette, ce divertissement haut de gamme, ne faisait pas dans la simplicité, et que l'apport des cultures en Europe à beaucoup nourri le style (paso doble, polka, tango, culture manouche). Il faut là reconnaître le travail sur le style que le Balluche de la Saugrenue à entrepris : une gageure de faire sonner cette musique dans l'esprit de l'époque, avec l'énergie d'aujourd'hui. Enfin pour ceux qui pensaient encore que musette rimait avec paillette, entrez vite dans ce caboulot atypique vous faire une idée de la chose, mais un conseil : attention aux coups de surins....
Anne RATSIMBA, Chant | Florent SEPCHAT, Accordéon | Jean-François CAIRE, Batterie | DavidFORGET, Contrebasse | Pierre MAGER, Guitares
Ce premier opus du groupe renoue avec les racines de l'âge d'or du musette, de part son instrumentarium tout d'abord : accordéon, guitare manouche, contrebasse, jâse (ancêtre de la batterie). Partant du constat que le musette depuis les années 60 tombe en désuétude, avec des compositions de plus en plus standardisés, un son inexpressif (basse électrique, synthé, boite à rythme...), un star-system construit autour de vedettes de l'accordéon, cet album suit les voies initiées par les Primitifs du Futur, ou le Dénécheau Jâse musette, et apporte un nouveau souffle à cette culture qui reste, avec la chanson, LA musique populaire française : le musette est à Paris ce que le tango est à Buenos Aires. S'ils opèrent dans la tradition, les quatre gus et la donzelle sont déjà friand du décalage et de l'autodérision, avec leurs expérimentations de paso-punk, java-reggae, tango-dub ainsi qu'avec des chansons réalistes revisitées à travers la voix puissante de Marie Perrin. On noteras la plume engagé et acerbe de David Forget sur TSF qui rend hommage aux anarchistes durant la résistance.
Marie PERRIN, Chant, flûtes | Florent SEPCHAT, Accordéon | Jean-François CAIRE, Batterie | David FORGET, Contrebasse | Pierre MAGER, Guitares